UNE PRIÈRE…


Elle était venue dans l’église avec son gosse. Un môme qui lui tirait sur la main comme une aumône pour avoir son regard. Elle le remorquait comme un caddie de marché du samedi matin. L’autre main dans le signe de croix. Il avait ses lacets défait. Elle avait ses pieds sur des talons compensés, pour être plus près de dieu. Il voulait s’arrêter, elle voulait prier. Demander à Marie tout ce qu’elle n’avait pas. Elle ne voyait rien de ce qu’elle avait, au bout de son bras, dans sa main serrée avec ses doigts de paille. La vie. Il commençait à pleurer. Juste des larmes, qui coulaient dans le silence de sa mère. Elle voulait allumer les petits luminions, pour éclairer ses prunelles. Il regardait ses lacets comme des serpents. Elle avait la tête dans son sac, pour chercher de l’argent. Une pièce, pour la lumière. Il voulait le feu, dans la chaleur du cœur de sa mère. Elle avait les yeux sur Marie. Elle avait assit le petit, comme on gare un chariot, sur une chaise en bois adossé aux pierre de la nef. Elle récitait tout, dans sa tête. Même sa liste de courses. Il jouait avec les serpents, hypnotisé par ses chaussures, en balançant ses pieds joints, pour atteindre les prières de sa mère. Il regardait Jésus, crucifié sur la croix. Effrayé par le spectre, cloué dans la douleur, des épines plantées sur la tête. Elle égraînait son chapelet comme on trille les haricots, pour se débarrasser des charanssons. Les talons près à repartir, dans le cimetière de son mari, pour fleurir son nom, gravé sur le marbre…
Christelle Bréjon
Brigueuil, 26 août 2022